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La chute des prix du pétrole : quelles conséquences pour les projets sibériens sino-russes?

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Les projets gaziers russes en Sibérie orientale: soutenabilité en question?
Les projets gaziers russes en Sibérie orientale: soutenabilité en question?

L’effondrement des prix du pétrole sur le marché énergétique mondial couplé à une baisse de la demande en gaz naturel de la Chine continue à peser sur les projets sino-russes en matière de gaz naturel. Si la Russie, après une longue période de négociations avec la Chine (qui duraient depuis 2006 !) a finalement réussi à signer le 25 mai 2014 un premier contrat de vente de gaz dans le cadre du projet la Force de la Sibérie, elle ne parvient toujours pas à concrétiser son deuxième projet, celui de la Force de la Sibérie-2 (anciennement Altaï), l’obstacle principal résidant toujours dans la détermination du prix de cession du gaz.

La stratégie russe de réorientation des exportations gazières russes vers l’Asie Pacifique, si recherchée par Moscou depuis le début de la crise ukrainienne, semble désormais marquer le pas. Selon Mikhaïl Kroutikhin, consultant à l’Agence RusEnergy, la soutenabilité des deux projets gaziers, compte tenu des nouvelles réalités du marché de l’énergie, soulève des doutes…Et cela pour plusieurs raisons.

L’évolution du marché énergétique mondial et les projets gaziers russes

Le projet du gazoduc la Force de la Sibérie, qui devrait alimenter le marché chinois en gaz russe dès 2019, a été finalisé le 25 mai 2014 lors de la visite de Vladimir Poutine à Pékin. Le contrat de vente prévoit la livraison à la Chine de 38 milliards de m3 de gaz par an pendant 30 ans depuis les champs gaziers d’Irkutsk et ceux de Yakoutie par la route de l’Est. Le prix du gaz naturel russe n’a pas été annoncé (le prix du gaz est toujours considéré comme un secret commercial par Gazprom), mais, compte tenu du coût du projet qui s’élève à 400 milliards de dollars, les experts estiment que le prix du gaz doit se situer entre 280-350 dollars pour 1000 m3. Parmi les principaux obstacles qui empêchent l’avancement du projet, Mikhaïl Kroutikhin annonce le grand retard pris par Gazprom dans la construction du gazoduc, ainsi que dans le développement des gisements de Chayanda et de Kovykta, sources principales d’approvisionnement du gazoduc. Ce pipeline devait à l’origine alimenter le marché chinois dès 2019, aujourd’hui la date la plus probable est 2021. Enfin et surtout le prix du gaz naturel sur le marché mondial est corrélé aux prix du pétrole. Ainsi, le prix du pétrole en 2015 s’est écroulé (le prix du baril de pétrole de la mer du Nord, communément appelé le Brent est passé de 111,8 $ en juin 2014 à 30 $ en janvier 2016), ce qui a corrélativement divisé par deux le prix du gaz naturel sur le marché asiatique.

De plus, le prix du gaz fixé dans le contrat est largement inférieur au coût de sa production et de son transport. La baisse des prix du pétrole entraîne mécaniquement la baisse du prix du gaz. Ainsi, la Russie sera donc obligée pour concrétiser le projet dans des conditions économiquement soutenables de demander aux Chinois de changer les conditions du contrat. Or, comme chacun sait, les Chinois sont des partenaires très difficiles dans le cadre des négociations. Ainsi, dans le cas plus que probable où les Chinois refuseraient de revoir les termes de l’accord, la Russie sera obligée de subventionner des consommateurs chinois, car elle vendra son gaz à un prix inférieur à son coût de production.

En ce qui concerne le deuxième projet, ses perspectives sont encore plus vagues. Le 8 mai 2015, Gazprom et CNPC ont signé l’accord sur la fourniture aux Chinois de 30 milliards de m3 de gaz par an par le gazoduc la Force de la Sibérie-2 via la route de l’Ouest. Le prix du gaz pèse toujours sur la concrétisation du projet et empêche la signature du contrat de vente. En effet, Moscou souhaite que son gaz soit vendu au prix pratiqué dans le cadre de ses contrats d’exportation vers les pays européens. En revanche, Pékin propose de lier le prix à celui du Henry Hub américain, où le prix du gaz est largement inférieur à celui pratiqué en Europe. Enfin le ralentissement de l’économie chinoise entraîne de facto une baisse de la demande chinoise d’énergie d’autant que le développement des énergies renouvelables en Chine vient réduire la part des énergies fossiles. Tous ces éléments se conjuguent pour rendre la concrétisation de ce second contrat plus qu’aléatoire.

 

 

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